Je n’y arrive toujours pas…

Un an s’est écoulé depuis la dernière annonce de grossesse de Miss Z (une de mes deux meilleures amies). Un an que je m’écroulais dans les chiottes de mon boulot, dépassée par la situation.
Les choses ne se sont pas passées comme prévu cependant. Il y a eu suspicion de trisomie, un TPNI (dont parle La Princesse à la Pipette ici) tendancieux – probablement une trisomie placentaire, une amnio et le soir même de l’amnio, une FC. J’ai été effondrée pour eux. Je n’ai pas eu les mots, je ne savais pas quoi faire et un certain temps s’est écoulé avant que nous arrivions à nous retrouver dans cet océan de douleur. En février dernier, alors que je venais de faire ma pds pour connaître le résultat de notre dernière MIV, je suis passée chez elle. Elle m’a parlé de son petit garçon, un peu, je l’ai écoutée, beaucoup. Nous avons passé une formidable journée ensemble, journée qui a marqué le retour en force de notre amitié, certes ébranlée, mais certainement pas cassée.

Il y a un an, j’ai reçu un sms de sa part, à leur retour de vacances, signé « d’eux 4 ».

Aujourd’hui, j’ai reçu un sms de sa part, à leur retour de vacances, signé « d’eux 4 ».

Voilà, la boucle est bouclée.
Je suis heureuse pour elle, même si elle va vivre des périodes difficiles car sa DPA est prévue exactement le même jour que la DPA de son ange envolé, mais je suis à nouveau anéantie pour moi. Je devrais me réjouir car elle a obtenu ce que je lui souhaitai depuis longtemps, seulement, je n’y arrive toujours pas…

Le temps passe, les autres évoluent, et je me retrouve là, figée, comme un puzzle défait duquel on aurait perdu la boîte et qu’on n’arrive pas à recomposer.

Dans 5h je pars pour Lisbonne avec des cousines de Pilou jusqu’à lundi, j’espérais un week-end joyeux, qui m’aurait permis d’oublier que mon papa est à l’hôpital, que Pilou souffre énormément de ses hernies cervicales et que je n’arrive pas à entrevoir le début d’une prochaine FIV. Je vais juste avoir droit de ruminer cette « formidable nouvelle » et parler couches sales et vomi vert car l’une des cousines vient de devenir grand-mère.

Il ne me reste qu’à espérer que l’avion se crache quelque part en route, ou qu’on me kidnappe et qu’on me retienne prisonnière quelque part dans les Açores pour le restant de mes jours…

Ah oui, et sinon, bon week-end à vous!

49 réflexions sur “Je n’y arrive toujours pas…

    • J’attends qu’elle tourne depuis tellement longtemps… j’ai l’impression qu’elle ne fait que reculer. Mais tu as raison, il faut laisser le temps faire son œuvre. Merci Pipine, bisous.

  1. Comme je te comprends! J’ai reçu ces derniers temps plusieurs faire-part auxquels je n’ai pas daigné répondre. Encore hier au boulot, j’ai du faire un gros détour pour éviter de croiser une collègue qui venait présenter son bébé. Tout simplement pas la force d’affronter cette épreuve. Protège toi et profite de l’ambiance de Lisbonne. Bisous

  2. Cette impression de rester seul sur le bord de la route est terrible. Je suis tellement désolée que tu sois à nouveau confrontée à cette situation, à cette déferlante d’émotions, à cette ambivalence culpabilisante.
    Je te fais un énorme câlin, c’est un câlin plein d’espoir pour cette FIV à venir ♡

  3. Il fut un temps où j’espérais aussi le crash d’avion ou l’atterrissage sur une île déserte pour échapper au spectacle du bonheur des autres. C’est bien de cela qu’il s’agit : avoir le sentiment d’être condamné jusqu’à la fin de ses jours à regarder les autres vivre la vie que l’on aurait aimé avoir. On s’en veut alors de ressentir cela, car on se sent jaloux, aigri. L’estime de soi en prend un coup supplémentaire. On est là pour nos amis quand ils vont mal, et on retrouve même des liens forts. Mais quand ils vont bien, on est incapable de se réjouir vraiment. En fait, on est juste malheureux comme des pierres et surtout très isolés dans ce malheur qui est invisible aux yeux des gens non confrontés à l’infertilité. Et puis au fur et à mesure, peut-être à force de nous protéger en faisant évoluer notre cercle d’amis pour ne plus être confronté aux maladresses qui vous ruinent le moral, ce sentiment si puissant s’est atténué. On le canalise. On a appris à vivre avec. Si on a pu faire ce chemin, alors que l’on s’en sentait incapable, tu pourras aussi le parcourir, mais cela prend du temps… On t’embrasse.

  4. Oh Ginie. Ne t’en veux surtout pas. Tu n’est ni cruelle ni méchante de ne pas parvenir à te réjouir pour elle même si elle a un vécu difficile. Ici on te comprends totalement. Je te souhaite un bon weekend en espérant que tu trouveras un petit cocon de douceur avec Pilou. Prend soin de toi. Je t’embrasse fort.

    • C’est adorable Miss Apple, merci beaucoup pour ton petit mot. Je prends le courage, j’en ai bien besoin et j’espère aussi que le temps passera vite pour que cela ne soient plus que des mauvais souvenirs. Bisous.

  5. Je te comprends parfaitement, je ressens tout pareil… J’espère aussi tellement fort que la roue finira par tourner, enfin, pour nous qui attendons encore notre tour… Plein de bizzz & de courage ❤

  6. Il est clair que chaque nouvelle annonce (encore plus quand ce sont des personnes proches) fait remonter toute une rafale de sentiments, cette impression qu’on n’a pas bougé d’un millimètre depuis un an, alors que les gens autour de nous avancent… Cette semaine, on a appris qu’un couple d’amis qui se sont mariés après nous attendent leur 2è, et nous on attend tjs que le premier se décide à s’accrocher. Mais notre tour arrivera, il faut juste encore (un peu…) patienter!

  7. C’est dur parce que tu t’aperçois que les autres avancent, arrivent à faire tourner cette p*tain de roue et que toi, un an après, c’est toujours la galère et que tu dois en plus faire beaucoup d’efforts pour ne serait-ce faire qu’un essai. C’est ça qui est très difficile avec cette foutue PMA ! Devoir faire beaucoup de concessions, consacrer beaucoup de temps et d’énergie pour nos tentatives.
    Accroches-toi Tinkie, tu n’es absolument pas une mauvaise personne car nos parcours pèsent bien lourd…
    J’espère que ton week-end se passera bien et qu’il te permettra de te changer les idées.
    Bisous !

    • Tu as tout bien résumé Mouchette! Tellement de sacrifices et de temps consacré pour peu de chose jusqu’à présent. Je nous souhaite un beau et franc retournement de situation pour bientôt. Gros bisous à toi.

  8. Il va être top ce weekend portugais ! rappelle-toi, ça te faisait envie. Ça va te changer les idées. Des idées qui sont bien noires aujourd’hui. Pense à Pilou qui a pas du tout envie que ton avion se crashe. Pense à l’après, même si c’est dur, quand tu seras contente de parler couches et bébé avec ton amie. Parce que tu es son amie en plus d’être une future maman. Tu vas y arriver Ginie. Ne t’enferme pas, ne t’isole pas. Profite des couchers de soleil. Bisous 😘

  9. Je suis vraiment touchée par ton post… Qui n’a jamais ressenti ce sentiment paradoxal? Entre joie pour l’autre et douleur pour soi-même…
    Ma douce Ginie, sois indulgente avec toi-même !! Tu fais ce que tu peux, comme tu peux. Ceux qui t’aiment comprendront…
    Ces deux dernières années de PMA, je me suis de plus en plus fermée sur moi-même, parce que sur l’instant, c’était presque devenu une question de survie. Je ne supportais plus d’être simple spectatrice du bonheur des autres et dieu sait que j’ai été totalement cernée, voire acculée par les annonces de grossesses. Depuis, tous ces bébés attendus sont nés, et moi j’ai vu mon parcours prendre fin…
    Alors comme disent si justement les ICSI, je ne pensais pas pouvoir reprendre une vie « normale ». Je ne pensais pas que je pourrais reprendre plaisir à côtoyer nos amis, que je pourrais oublier, de plus en plus souvent, ce désir inassouvi… Que je pourrais de nouveau rire, aimer, « profiter ». Pourtant, je t’assure que toi autant que nous, tu as cette force insoupçonnée en toi, qui te poussera à repousser toujours un peu plus les limites que tu pensais être les tiennes…
    Tout simplement parce que dans la vie, on a deux choix: se battre et avancer, ou baisser les bras et arrêter.
    Tu n’es pas de celle qui baissera les bras, j’en ai l’intime conviction. Pourquoi? Parce que tu aurais eu maintes fois l’occasion de le faire avant, et que tu t’es toujours relevée jusqu’à présent…
    Allez, courage ma jolie !! Un pas après l’autre… Bisous.

    • Je ne sais pas ce que je ferai sans toi, sans vous… Merci, merci, merci, 1000x merci pour ces mots tellement justes, pour cette niak. Ton soutien m’est réellement précieux. Gros bisous ma Julys!

      • Oh, tu sais, la niak, ça va ça vient !! Mais justement, c’est ce qu’il faut retenir: elle finit toujours par revenir !! Il faut parfois juste fermer les yeux et attendre que la tempête s’essouffle… Gros bisous.

      • Ça me plait ça, fermer les yeux, me retrancher dans mon cocon et tirer la couette au-dessus de la tête… En gros, une hibernation me ferait le plus grand bien!

  10. Ici tu n’es pas seule on ressent tous la même chose… J’espère que tu profiteras bien de Lisbonne et que tu boiras avec modération un coup de Porto pour notre futur voyage en train bises

  11. C’est normal d’avoir ce sentiment étrange que malgré ta joie (sincère) tu es triste. Ca te renvoi à ce que tu désires également alors ne sois pas dure avec toi. Avec le temps, certaines annonces passeront mieux. Crois moi, avec le temps l’ambiguïté s’estompe. courage

  12. Merci de suivre mon blog … Je découvre le tien et te souhaite du courage pour ce qui reste à venir, mais surtout ne culpabilise pas de ta réaction à chaque annonce de grossesse … Il faut se protéger, c’est la seule chose qui compte …

  13. Je découvre ton blog et cet article qui nous touche toute. L’annonce d’une grossesse dans notre entourage quand nous même, aimerions pouvoir annoncer quelque chose. Jamais évident de faire semblant de se réjouir pour les autres.

    • C’est sûr, ça fait remonter toute l’injustice de notre situation et l’inévitable incompréhension qu’elle amène… mais bon, le plus dur est de faire la part des choses je trouve :-/

      • C’est exactement ça car d’un autre côté, j’ai une personne très proche qui n’a jamais eu d’enfants. Enfin qui n’a jamais pu en avoir, ce n’est pas une question de choix ni d’envie, mais une question d’impossibilité.

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